- Première question. Votre nom est bien [....] ? Vous vivez bien au [....].

- Oui.

- Vous venez bien d'Amérique ? Avec un cycle court de pharmacienne ?

- Aussi.

- Vous savez que cet entretien est enregistré et qu'il peut parfaitement être utiliser contre vous ?

- Je suis venue de mon plein gré et j'assume parfaitement les risques encourus.

- Vous n'avez pas l'air très bavarde. Mais je vais vous demander de raconter votre histoire. Et ce qui vous a donné envie de venir chez nous.

- Née en 19[...], à Boston. Dans une famille moyenne, avec un frère aîné et une sœur aînée. Nous nous sommes toujours bien entendus malgré la différence d'âge entre nous, cependant je ne les ai jamais bien connu, pas autant que j'aurai dû. Enfin, dans tout les cas ça n'a jamais créé de tension.

- Et ? Que faisaient vos parents, qu'est-ce que vous faisiez vous ? Vos études avant de faire ça, de venir ici même.

- Mes parents géraient un cirque, ils en étaient les propriétaires même. Un cirque avec des animaux, des tours. Bref, de quoi amuser la galerie. Moi j'aidais pour la mise en place, quelque tours aussi, mais rien de glorieux. Je n'ai pas voulue reprendre l'affaire familiale, et je me suis diriger vers la sécurité : trop petite. Puis ce métier là. Tout simplement.

- La question reste la même. Pourquoi ? Pourquoi vous combattez les métamorphes ? Votre but ? Si vous ne voulez pas dire votre passif, comment vous faire confiance ?

- Je ne vous demande pas votre confiance. Ni même votre sympathie. Pour sauver des gens il faut accepter d'en tuer d'autres.

- Et bien..? Qu'est-ce qu'on doit fa-..

- Quand j'étais petite, je m'occupais des animaux dans les cages, donner la nourriture, nettoyer là où ils étaient. Je les aimais bien, eux ? Pas vraiment. J'ai mis du temps à comprendre mais maintenant c'est clair : ils ne m'aimaient pas car j'étais la fille de ceux qui les avaient capturés, leurs avaient arrachés leurs possibilités de vivre comme des êtres humains décents. Mes parents m'ont expliquée très tard que c'était des métamorphes, ceux qui vivaient comme deux entités spécifiques. Vers mes quinze ans, certains ont réussi à s'échapper. Tout du moins de leurs cages. Mais ils étaient trop peu nombreux, trop fatigués pour aller bien loin. On les a vite rattrapés. L'un d'eux à tuer une personne, que je connaissais pas. Mais à l'époque ça m'avait fait froid dans le dos, le sang, les os, l'odeur, sans parler de tout ce qui s'en suivait : parlez nous de l'accident, qu'avez-vous vu. Pourtant, j'ai dû m'en occuper, encore. Ils me faisaient peur, ils me haïssaient, plutôt sympa comme relation, non ?

- Madame, il y a marqué que vous avez été présente lors d'une "tuerie" par des animaux. Ça ne va pas vraiment avec ce que vous venez de me dire.

- C'était vers les quinze ans. Maintenant même avec un cycle court on est souvent obligé de rester chez ses parents. Ça a été mon cas. C'est à vingt ans que la deuxième attaque a eu lieu. Cette fois-ci, c'était coordonnée, de nuit. Je n'étais pas là, j'ai juste vu ce que leur petite balade avait donné : la mort de tout un cirque, dans des conditions tout aussi honteuse que les métamorphes qui y vivaient.

["L'entretient a été coupé pendant plusieurs minutes afin d'enregistrer le résumé du profil de la candidate. Elle semble aller avec ce que l'on recherche, cependant, certaines choses me froissent : pas d'énervement, pas d'esquive. Droite dans ses propos. On dirait presque qu'elle a inventé ça de toute pièce. Dans tous les cas, il va falloir surveiller ça, on ne peut pas se permettre d'avoir un membre dissident."]

- Le test reprenait. Dans cette salle digne d'une salle d'interrogatoire. Une vitre teintée, elle était observée, elle le savait. Mais on obtient jamais rien sans rien.-

- Alors.. Vous êtes venue à Wellington ? Pourquoi, encore et toujours ?

- Hum, je n'étais pas là quand le "drame" a eu lieu, mais je connais chaque métamorphe qui y était. Sous sa forme animale tout du moins. Et comme on peut l'imaginer, vivre dans une cage, sous une forme d'animal, sans pouvoir faire quoique ce soit. Leur état mental est réellement un problème. Alors j'ai commencé à les traquer, facile quand vous avez pris vos dispositions. Vingt métamorphes à attraper. Et deviner il m'en manque combien ? Un seul. Un seul. Celui qui est venu ici : en Nouvelle-Zélande. Ce voyage, ce n'est pas un hasard. Je viens finir ce que mes parents ont commencé. Tout simplement.

["Après réflexion, l'entretien est concluant. Cependant se renseigner et surveiller ses activités ne peut pas faire de mal. Certainement."]

[L'entretien avait duré peut-être une trentaine de minutes, un peu moins même. Ses états étaient propres, elle avait une formation "minimale" au combat et semblait avoir une prédisposition pour l'utilisation de poison ou autre arme à effet plus ou moins long. Voilà moins d'un mois que la Nouvelle-Zélande venait de lui ouvrir de nouvelles horizons, sous l'étendard de la multi-nationale dirigée par Hasting. L'ambition de cette personne était simple : réparer les erreurs passées et s'assurer que rien de telles ne recommenceraient.]